Paraschiv © 1999

Les Couleurs en continu

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Une théorie de la couleur

 

Chercheurs, hommes de science et artistes se sont efforcés d’ordonner systématiquement les couleurs sur diverses formes géométriques et d’établir judicieusement leurs rapports.
Les théories les plus récentes apportent toujours des représentations tridimensionnelles, mais pour des raisons pratiques, en utilisant toutes sortes de réduction ou de transformation portant les couleurs en deux dimensions.
En dépit de sa “technicité”, il est très difficile pour l’artiste peintre d’arriver à accorder l’expérience du métier avec toutes ces représentations et surtout avec le cercle des couleurs.
Dans les livres spécialisés qui abordent l’utilisation des couleurs ( pigments ), le cercle est toujours présent et toute théorie se fonde sur lui.
Il importait donc de montrer les inconvénients majeurs de ce système que j’ai utilisé moi-même pendant de nombreuses années.

Le cercle des couleurs :

- ne permet pas d’avoir une vision globale des couleurs dans la mesure où ces dernières ne sont pas juxtaposées.
- ne permet pas de trouver immédiatement la couleur complémentaire et surtout de la visualiser dans un rapport de juxtaposition.
- rend difficile “ voir “ le rapport de luminosité entre les couleurs.- Les sept types de contrastes fondamentaux n’y apparaissent pas ( la juxtaposition n’existe pas ).
On ne saurait négliger le fait que les contrastes sont les moyens de base dans la peinture et que la perception visuelle ne peut se réaliser en leur absence.
Il suffit d’envisager le fait que la lumière se comporte différemment surtout au niveau des mélanges pour comprendre que le cercle est sources de confusion: il n’est structuré qu’autour de trois couleurs considérées comme principales, le rouge, le jaune et le bleu dans le cas des mélanges substractifs (pigmentaires ) et ne tient pas compte des mélanges additifs
( lumière colorée ) où le départ est structuré autour de rouge, vert et bleu.
C’est pourquoi, en fonction des différents auteurs, on trouve des accords trichromatiques où les trois couleurs de départ présentent des variations notables.
Comme les mélanges additifs sont soumis à des lois précises, force est d’en venir à une conclusion étonnante: la lumière se caractérise par un comportement régi par des lois et actions arithmétiques qui s’appliquent également dans la géométrie des segments. Cependant, dans les mélanges, les couleurs qui se trouvent sur l’extrémité du spectre vont donner de manière constante une série de couleurs violettes ou pourpres. Le segment ( la surface délimitée ) est en un sens réaffirmé par cette loi et nous montre l’existence d’une “coupure” et d’une limite qui vont générer un segment.Il ne faut pas non plus oublier que si l’on fait passer la lumière au travers d’un prisme de cristal, le spectre obtenu s’étale en une succession de couleurs organisées sur un seul axe, donc de type segment. Toutes ces observations, la pratique du métier, les progrès scientifiques du XX ème siècle m’ont poussé vers une recherche précise: établir un nouveau type d’organisation des couleurs capable de contenir toutes les caractéristiques des lois arithmétiques liées au segment mais qui ne rejettent pas l’idée spatiale.

Proposition d’un nouveau type d’organisation des couleurs sur une bande à surface continue.

La visualisation que l’on pourrait donc proposer serait un rectangle très allongé - une surface limitée - qui contiendrait toutes les couleurs du spectre, couleurs réparties par paire de complémentaires. ( Les couleurs sont étalées sur une surface transparente ). Au milieu, on arrive vers le blanc dans le cas des mélanges additifs et vers le gris dans le cas des mélanges substractifs. Cette surface-segment, cette bande va se relier par une rotation de 180° autour d’elle-même comme dans le cas de la bande de Möbius. On constate que la couleur jaune de zinc va arriver en contact continu avec le jaune-vert et le violet de cobalt va se relier en contact continu avec le violet indigo; notre spectre les rattache dans une présence spatialement logique où les couleurs reprennent leur place habituelle. On a une surface spatiale continue qui ne s’arrête jamais; pour pouvoir imaginer notre lumière, il faut envisager notre bande dans l’espace avec une expansion dans toutes les directions. La surface va commencer à se prolonger en suivant les axes des plans générateurs. Ce type de représentation qui part d’une bande en surface continue prolongée dans l’espace, comporte deux moitiés de cône positionnées recto-verso et orientées par les deux diagonales qui se trouvent virtuellement dans le trapèze que l’on peut déceler à l’intérieur de notre bande et peut mieux caractériser l’idée formelle de l’origine d’une évolution de la lumière conçue comme une forme d’énergie. En revanche, dans la pratique de la peinture, nous allons détailler et utiliser la bande déroulée des couleurs
( voir figure 1 et 1a )
Il y a douze paires de couleurs complémentaires groupées sur deux registres: en haut le registre chaud et en bas le registre froid, au milieu le gris neutre. Pour toutes les couleurs choisies, en fonction de leur marge de stabilité dans les mélanges, je donne le nom du pigment utilisé et marqué sur les tubes qui se trouvent en vente dans le commerce. ( Principe important car la plupart des livres spécialisés ne jugent pas nécessaire de donner ces renseignements - voir liste des couleurs)

Comment utiliser la bande des couleurs

Pour les gammes harmoniques en deux couleurs, on a deux contrastes :

A / couleurs complémentaires ( fig. 2 )
B / couleurs chaudes et froides ( fig. 3 )

A / Les couleurs complémentaires se trouvent placées face à face.
B / Pour les couleurs chaudes et froides on choisit une couleur chaude qui se trouve dans le registre d’en-haut et une couleur froide qui se trouve dans le registre d’en-bas sans que les deux couleurs soient complémentaires. Pour les gammes harmoniques en trois couleurs, on divise 24 par 3 pour obtenir le chiffre 8 , chiffre utilisé pour compter les couleurs. On obtient des séries de couleurs: par exemple, 1, 9,17 . Si l’on commence à compter par la couleur n° 1, on a ensuite 2, 10, 18, ou 3, 11, 19, etc.... ( fig. 4)
Exemple :

- 1/ Jaune de zinc
- 9/ Carmin + Laque de garance
- 17/ Bleu cobalt fonce
ou :
- 2/ Jaune de cadmium moyen
- 10/ Laque de garance
- 18/ Bleu cobalt + Vert émeraude

Pour les gammes harmoniques en quatre couleurs, on va diviser 24 par 4 égale 6, afin d’obtenir les séries suivantes :
1, 7, 13, 19 ou 2, 8, 14, 19 ou 23, 9, 15, 20.


Exemple :

- 2/ Jaune de cadmium moyen
- 8/ Rouge de cadmium pourpre
- 14/ Bleu outremer + Violet de cobalt
- 19/ Vert émeraude

Pour les gammes harmoniques en 6 couleurs, on va diviser 24 par 6 en obtenant le chiffre 4 .Plusieurs séries se proposent à nous : 1, 5, 9, 13, 17, 21 ou 2, 6, 10, 14, 18, 22 .
Pour obtenir une gamme non harmonique, nous allons choisir nos couleurs sans tenir compte de ces règles.
Après avoir fait ce choix, on peut procéder à l’organisation de la palette en mélangent au couteau les couleurs de départ : on va obtenir plusieurs gris colorés comme on peut le constater dans les figures ci-jointes.

Quels sont les avantages que comporte la bande des couleurs ?
-Elle permet une vision rapide et globale des couleurs qui se trouvent en rapport, donc juxtaposées.
-La présence des paires de couleurs complémentaires montre bien ce type de contraste le plus utilisé dans la peinture contemporaine. Il existe des rapports entre les couleurs et le gris neutre en passant par le mélange avec le blanc, ce qui permet d’apprécier correctement le degré de luminosité propre à chaque couleurs.
-Il y a deux registres distincts de couleurs chaudes et de couleurs froides.
-Les contrastes importants ( clair-obscur, successifs, simultanés, qualitatifs, chauds-froids, complémentaires ) sont mis en évidence . (
fig. 1 )

Tous les avantages évoqués ci-dessus sont d’une utilité indiscutable pour les artistes et surtout pour les débutants qui n’ont pas une pratique du métier et se trouvent grâce à un simple coup d’oeil en face d’une représentation des couleurs qui contient tous les contrastes fondamentaux, principaux moyens d’expression pour un peintre. Si l’on suit tous ces conseils ( choix des couleurs - préparation des palettes ), la moitié de notre travail est accomplie et il est possible d’exécuter n’importe quel type de tableau dans n’importe quel type de style. Tous ces mélanges harmoniques peuvent être vérifiés à l’aide d’un ordinateur en utilisant une palette chromatique pré-enregistrée, de type Pantone, qui réalisera ces mélanges harmoniques.

©Paraschiv / 1991

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Fig.1

 

 

 

Fig.1a

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fig.2

Fig.3

Fig.4

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